Maurice UTRILLO
Le Lapin Agile, circa 1912
Huile sur carton.
Signée et datée en bas à droite.
77 x 106,5 cm
Provenance :
Collection particulière
Certificat de l’Association Utrillo.
Ancien pavillon de chasse du roi Henri IV, il ne devient cabaret et auberge qu’en 1879. De 1903 à 1914, le Lapin Agile (qui tire son nom de l’enseigne publicitaire inventée par le caricaturiste montmartrois André Gill) voit défiler tout ce que Paris compte comme artiste ou écrivain. Au début du siècle on pouvait y rencontrer Utrillo et sa mère Suzanne Valadon, Picasso (qui décore le cabaret de deux peintures), Modigliani, Marie Laurencin ainsi que des hommes de lettres comme Francis Carco, Apollinaire, Cocteau, Dorgelès ou Max
Jacob.
C’est en 1909 que Louis Libaude fait sa première acquisition d’une toile d’Utrillo auprès de la mère du peintre, Suzanne Valadon, celle- ci beaucoup plus connue que son fils. En 1912, de mécène et collectionneur, Libaude devient le marchand d’Utrillo et établit une convention d’exclusivité avec celui-ci. Cette rente mensuelle va assurer la stabilité financière de la famille. Le prix des tableaux de Maurice rivalise désormais avec ceux obtenus par sa mère. Libaude présente à
Utrillo ses premiers clients, le peintre Francis Jourdain, Octave Mirbeau, l’éditeur Paul Gallimard ou encore Kapferer, célèbre concepteur de dirigeables. C’est l’année suivante, en 1913, à la Galerie Eugène Blot qu’Utrillo bénéficie d’une première exposition personnelle.
Notre tableau est caractéristiques de la «Période blanche «d’Utrillo (1910-1915) : l’harmonie générale des couleurs est réduite, les blancs dominants, plus ou moins lumineux : ils fardent les façades des modestes maisons Montmartroises avec leurs murs vétustes blanchis à la chaux.
La forte poésie naît de la modestie du site, de sa solitude, de son apparent abandon. Utrillo peint ici, dans la lumière grise des ciels parisiens, les perspectives des rues de Montmartre avec leurs maisons au volets souvent clos, échos de son âme profondément mélancolique.